QU'EST-CE QU'UN (BON) LEADER EN COMMUNICATION ?
Par Tanaquil Papertian
L’entrepreneur est comme le capitaine d’un bateau. Il sait où il veut aller, son objectif, et comment il veut y parvenir, sa vision du chemin. Mais qu’est-ce qu’un (bon) leader en communication ?
Un vrai leader n’a pas besoin d’imposer : il entraîne. Il fédère par la clarté de son cap, la cohérence de ses décisions et l’énergie communicative qu’il dégage. On le suit non pas parce qu’il parle fort, mais parce qu’il parle juste. Il inspire, il éclaire, il rassure… et donne envie d’embarquer.
C’est d’ailleurs ce qui déçoit aujourd’hui en France. Ce pays, jadis riche de grands leaders visionnaires (De Gaulle, Mendès France, Simone Veil, Pompidou ou Delors) semble aujourd’hui orphelin de parole vraie. Nous n’avons plus de capitaines, seulement des gestionnaires. Des technocrates issus d’une soi-disant élite, formés à administrer (et le résultat est loin d’être probant !), mais pas à créer ; des dirigeants qui savent additionner les chiffres (surtout en fiscalité !), mais pas additionner les forces. La France est devenue une entreprise en déficit de vision.
D’ailleurs, la confiance des dirigeants dans les perspectives de l’économie française s’est particulièrement érodée : 12%, -5 points, d’après le dernier baromètre CCI-Opinionway. De même, l’indicateur de l’optimisme retombe à 68 points, 9 de moins qu’en juin. Source : « La Grande consultation des entrepreneurs » - Août 2025.
Un leader digne de ce nom pense le Présent *et* le Futur. Il sait que communiquer, c’est incarner une direction, rallier les énergies internes, informer, convaincre, entraîner. Gouvernail invisible du navire, la communication permet de tenir la ligne quand la tempête monte, de rassurer l’équipage et de maintenir la confiance des passagers.
Faut-il être omniprésent pour être un (bon) leader ? Probablement pas.
Prendre *sa* place ne veut pas dire prendre *toute* la place.
Les grands leaders savent s’effacer pour laisser exister leurs collaborateurs, avant de revenir quand le cap doit être réaffirmé. Savoir disparaître, c’est aussi une forme de puissance : celle de l’humilité, du recul, du discernement.
La communication du leader est un subtil art d’équilibriste. Trop d’absence, et le navire dérive. Trop de présence, et l’équipage étouffe. Dans un monde saturé de bruit, où le micro est ouvert en continu et où le tweet/post est devenu réflexe, notre société confond aujourd’hui visibilité et incarnation. L’une parle de soi ; l’autre parle plus largement du monde.
Or, la France n’a pas besoin de nouveaux communicants. Le pays a besoin de nouveaux capitaines, porteurs d’un horizon, d’un récit, d’une foi : des femmes et des hommes capables d’assumer une vision, de dire “voici la route”, d’incarner le courage ET la cohérence, au travers de leurs propos comme de leurs actes.
D’après, le Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF/OpinionWay, 73 % des Français expriment le souhait d’un « vrai chef en France pour remettre de l’ordre ». (vague 16, janvier-février 2025 - 9 092 personnes dont 3 561 en France)
La France n’a pas besoin d’un (éphémère !) héros de plateau télé… Elle a besoin d’un Capitaine !
Tanaquil Papertian
Fondatrice de L’ÉTRUSQUE, Conseil en Communication & Relations Publics
Membre du réseau 1.000X – 300 pour la France



