ANTHONY BOURBON : L'ENTREPRENEUR QUE L'ON ADORE DETESTER
Derrière ses punchlines percutantes et ses provocations assumées, se cache une trajectoire qui illustre nombre de concepts chers à la littérature business internationale.
Anthony Bourbon est une figure singulière de l’écosystème entrepreneurial français. Fondateur de Feed., investisseur aguerri et désormais mentor médiatisé, il occupe une place à part dans l’imaginaire collectif : celle d’un entrepreneur que l’on adore détester. Derrière ses punchlines percutantes et ses provocations assumées, se cache pourtant une trajectoire exemplaire, qui illustre nombre de concepts chers à la littérature business internationale.
Un self-made-man à la française
Né dans un environnement modeste et marqué par des débuts difficiles, Anthony Bourbon s’est forgé seul. Son parcours résonne fortement avec la théorie de la résilience entrepreneuriale décrite dans plusieurs études de la Harvard Business Review (HBR) : la capacité à transformer les épreuves en leviers de croissance. Là où d’autres auraient cédé, il a bâti une discipline de fer et une vision à long terme. La création de Feed. en est le parfait exemple : proposer des repas complets, pratiques et nutritifs, pour un monde où le temps est devenu la ressource la plus rare.
Dès les premières années, Feed. a rencontré un succès fulgurant, en séduisant une clientèle urbaine avide d’efficacité. La startup a levé des millions d’euros et s’est imposée comme une marque de référence. Ce succès illustre le concept de blue ocean strategy développé par Kim & Mauborgne : Anthony Bourbon a su créer un marché là où d’autres ne voyaient qu’un produit de niche.
Le rôle des polémiques dans sa trajectoire
Mais ce succès ne s’est pas fait sans fracas. Dès ses premières prises de parole publiques, Anthony Bourbon s’est construit une réputation de franc-tireur. Sur LinkedIn, dans les médias ou à travers ses conférences, il cultive un style direct, parfois perçu comme arrogant. Cette posture clivante rappelle le modèle du charismatic disruptor, analysé dans les pages de la HBR, qui montre que la provocation peut être un levier puissant de différenciation dans des environnements saturés.
Ses détracteurs lui reprochent ses punchlines chocs, ses critiques des élites traditionnelles ou son goût pour la provocation. Pourtant, ses soutiens voient dans cette attitude une stratégie assumée : créer de l’attention dans un monde où l’économie de l’attention est devenue centrale. Comme l’explique Clayton Christensen dans The Innovator’s Dilemma, l’innovation radicale ne se fait jamais sans heurter l’ordre établi. Bourbon, à sa manière, en est une incarnation contemporaine.
La complexité d’un personnage
Anthony Bourbon n’est pas qu’un provocateur. Derrière ses phrases chocs, il évoque régulièrement ses débuts difficiles et son goût de revanche, cherchant à inspirer les jeunes issus de milieux modestes. Cette transparence brutale correspond à ce que les chercheurs appellent l’« authentic leadership », une approche du management fondée sur l’authenticité, la vulnérabilité et la cohérence entre discours et action.
Sa trajectoire illustre aussi une tension permanente : entre une ambition sans limites et un besoin de reconnaissance. Cette dualité, étudiée dans la littérature sur le leadership, souligne qu’un dirigeant peut être à la fois une source d’inspiration et de rejet. Bourbon se place dans cette catégorie rare d’entrepreneurs dont la personnalité devient un sujet public, à l’instar d’Elon Musk ou de Xavier Niel.
Blast Club : l’arme secrète
Après Feed., Anthony Bourbon a consolidé sa fortune grâce à une série de levées de fonds menées avec une habileté déconcertante avec Blast Club. Cette plateforme, qui permet à un cercle d’investisseurs particuliers et avertis de participer à des levées dans les startups les plus prometteuses, est une véritable consécration.
Dernier coup d’éclat : l’accès aux startups passées par Y Combinator, l’accélérateur le plus prestigieux du monde, d’où sont sortis Airbnb, Stripe ou Dropbox. Ouvrir la porte de ce club très fermé à une communauté française est un signe fort, et illustre sa capacité à se hisser au plus haut niveau du jeu entrepreneurial mondial.
Blast Club incarne une tendance décrite dans la HBR : la démocratisation de l’investissement privé, où des figures médiatiques jouent le rôle de curateurs et de passeurs, ouvrant un univers longtemps réservé aux élites financières. Ici encore, Bourbon devance la courbe.
Une admiration malgré tout
Anthony Bourbon ne cache pas ses ambitions : il déclare vouloir devenir milliardaire avant ses 40 ans. Une phrase qui fait grincer des dents au pays où la réussite de la réussite prone la discrétion, mais qui traduit une détermination sans faille. Ce positionnement clivant attire les critiques, mais il fascine autant qu’il dérange.
Car au-delà des polémiques, il reste impossible d’ignorer ses accomplissements. Parti de rien, il a bâti une entreprise innovante, levé des millions auprès d’investisseurs prestigieux, puis lancé un fonds participatif qui donne accès aux meilleures opportunités mondiales. Sa vision, son audace et son refus des compromis le distinguent. Dans un univers où beaucoup se contentent de suivre les codes établis, lui choisit de les briser.
Comme le souligne Jim Collins dans Good to Great, la différence entre les leaders moyens et les grands leaders réside dans leur capacité à rester fidèles à une vision, coûte que coûte. Bourbon illustre parfaitement cette approche : clivant, dérangeant, mais indéniablement déterminé.
Et qu’on l’aime ou qu’on le déteste, une chose demeure : derrière chaque critique se cache une forme d’admiration. Car ses détracteurs, qu’ils le veuillent ou non, ne lui arrivent pas à la cheville.